Funérailles d’hiver

farce burlesque de Hanokh Levin
texte français de Laurence Sendrowicz
In Théâtre choisi IV: Comédies grinçantes
Éditions théâtrales, Maison Antoine Vitez

Mise en scène: Corinne Noth
Production: Théâtre Liquide
Jeu: Christian Dustour (Latshek), Natacha Gonzales (Alté & Professeur Kipernaï), Kamila Mazzarello (Shratzia), Bernard Gmünder Goël (Rashèss), Valérie Savary (Velvetsia & Phoshitsia), Dimitri Persoz (Popotshenko), Samantha Walti (Tsitskeva), Albert Grob (Baragontsélé & Shamandrina), Romain Butikofer (Rosenzweig), Cécile Prébandier (Lishstenstein & Angel Samuelov),
Création lumières et sonorisation: Honoré Gasser
Accessoires, costumes et décors: Corinne Noth et Valurette
Musique: Gérald Rochat
Chorégraphe: Sylviane Thilo
Graphiste: Isabelle Schaaf Jeanloz
Webmaster: Gabriel Dorthe
Photographe: Elyse Persoz
Community Manager: Cécile Prébandier

du 3 au 13 novembre 2022
je 3, ve 4, sa 5 à 20h
di 6 à 15h30 et 18h30
me 9, je 10, ve 11, sa 12 à 20h
di 13 à 17h

Théâtre du Vide-Poche
Place de la Palud 10
Lausanne

Tarifs: CHF 25.-/20.- (réduit)

Réservations:
contact@theatreliquide.ch
079 533 88 13

Le propos

Farce burlesque en huit tableaux: La vieille mère expire… la veille du mariage de Velvetsia et Popotshenko. Son fils, Latshek Bobitchek avait dit: «il y aura du monde à ton enterrement». Mais, noces ou obsèques, Shratzia, la cousine, sa famille et la belle-famille choisissent de ne pas annuler ce mariage, le but, le rêve de toute leur vie. Alors ils décampent, courent, s’envolent, leur fuite est une course poursuite fantastique, surréaliste, hilarante où tout est permis. L’ange de la mort veille pourtant et fait rendre les âmes comme on lâche des pets.

La bêtise humaine, trésor dramatique inépuisable à travers lequel Hanokh Levin dresse une galerie de portraits formidables. Il épingle l’individualisme, l’égoïsme absolu. La comédie est féroce, hilarante. Il y est aussi question du temps qui passe, de la mort, du deuil. Chacun ne pense au bout du compte qu’à sa petite personne malgré l’interdépendance et doit se situer entre un mariage ou un enterrement. C’est aussi une histoire de famille, cette entité délirante à laquelle personne n’échappe. Funérailles d’hiver explore toutes les limites des cadres fixés par la tradition familiale et par la société. Ici, les personnages s’égarent dans les normes, et frôlent forcément vite la bêtise; celle de l’homme perdu dans ses conventions. Le langage d’Hanokh Levin est d’une drôlerie infinie, c’est une langue directe, vive et piquante.

L’auteur

«Né à Tel-Aviv en 1943, Hanokh Levin est mort d’un cancer en 1999. Il laisse derrière lui une œuvre considérable qui, par sa qualité et son ampleur, fait de lui l’une des figures majeures de la culture israélienne contemporaine. Outre plusieurs recueils de poésie et de prose, il est l’auteur d’une cinquantaine de pièces de théâtre, dont 33 ont été montées, souvent par lui. Dès les années soixante, ses premiers spectacles de cabaret politique écrits au vitriol font scandale. Qu’il situe l’action dans le microcosme du quartier ou dans un espace symbolique, Hanokh Levin invente un langage théâtral qui lui est propre, mélange de provocation, de poésie, de quotidien et d’humour, toujours animé par une tendresse fondamentale pour le genre humain. Grâce à son sens aigu du théâtre et à une grande économie d’expression, chacun de ses mots se transforme en une arme redoutable qui fait mouche à tout coup.»

Laurence Sendrowicz

«Des cabarets satiriques des débuts aux grandes formes épiques de la fin, le théâtre de Levin n’a cessé de se réinventer avec une audace créatrice rageuse et libératoire. Sourd à tous les conformismes, mais non aux grandes voix qui l’ont précédé, Levin a malaxé à belles dents la grande tradition occidentale du théâtre jusqu’à lui faire rendre tout son jus. Loin de jouer les épigones érudits, le dramaturge israélien a produit une œuvre unique, qui s’impose avec le recul comme une des plus marquantes du vingtième siècle. Une œuvre à la musique inimitable dont on reconnaît le compositeur après quelques mesures à peine.»

Texte extrait de (o) aparté, le billet des éditions Théâtrales,
Michel Delaunoy, metteur en scène.

La traductrice

Laurence Sendrowicz est une des initiatrices du projet de traduction de l’œuvre de Hanokh Levin en français, soutenue par la Maison Antoine Vitez. En parallèle, elle poursuit son propre travail d’écriture dramatique et, depuis 2011, interprète ses textes seule en scène. Elle a connu Hanokh Levin de son vivant.

«Hanokh Levin laisse derrière lui une œuvre considérable qui, par sa qualité et son ampleur, fait de lui l’une des figures majeures de la culture israélienne contemporaine. Outre plusieurs recueils de poésie et de prose, il est l’auteur d’une cinquantaine de pièces de théâtre, dont 33 ont été montées, souvent par lui. Dès les années soixante, ses premiers spectacles de cabaret politique écrits au vitriol font scandale. Qu’il situe l’action dans le microcosme du quartier ou dans un espace symbolique, Hanokh Levin invente un langage théâtral qui lui est propre, mélange de provocation, de poésie, de quotidien et d’humour, toujours animé par une tendresse fondamentale pour le genre humain. Grâce à son sens aigu du théâtre et à une grande économie d’expression, chacun de ses mots se transforme en une arme redoutable qui fait mouche à tout coup.»

Laurence Sendrowicz

L’équipe

Corinne Noth
Mise en scène

Corinne Noth, auteur inscrite à la SSA, metteur en scène. Depuis 2010, avec la plateforme Théâtre Liquide, elle produit et met en scène la plupart de ses créations littéraires. Elle vit sa sensibilité artistique comme «un acte dʼhospitalité».

Gérald Rochat
Compositeur et musicien

Gérald, accordéoniste et percussionniste formé à l’École de jazz et de musique actuelle à Lausanne (EJMA), puis à Los Angeles au Percussion Institut Technology. Il joue dans plusieurs formations et crée les ambiances musicales pour divers spectacles de théâtre. Gérald a composé l’univers sonore pour plusieurs productions du Théâtre Liquide. Sa création fait partie intégrante de la mise en scène. Il interprète lui-même ses créations musicales avec le Théâtre Liquide.

Isabelle Schaaf
Graphiste

Isabelle étudie les beaux-arts à Sao Paolo, Brésil, puis à l’École des Beaux-arts de Lausanne, section graphisme. Elle travaille dès lors pour M-Design, à Renens, puis devient graphiste indépendante, œuvrant entre autres pour les éditions de l’Aire, L de K, le Théâtre A, la Grange de Dorigny, la Biennale internationale de Lausanne: art textile contemporain.

Sylviane Thilo
Chorégraphie

Sylviane étudie la danse classique et contemporaine à Lausanne et à Genève avec Brigitte Monneyron, Philippe Dahlman et Noémie Lapzeson, puis à Cannes au Centre international de danse Rosella Hightower. Elle danse pour Betty Jones à Hawaï; Nigel Charnock en Allemagne et Angleterre; Jean-Marc Heim en Suisse. Elle met en scène régulièrement de grands spectacles de musique, danse et théâtre.

La mise en scène et la musique

Les acteurs jouent dans un espace serré contraignant, étroit comme la bêtise dans laquelle sont ils engoncés et dans laquelle ils continuent de s’enfoncer. Toutes les bassesses sont permises et de la même manière, les acteurs investiront toutes les possibilités physiques du théâtre pour arriver dans les espaces aussi variés qu’incongrus de cette course poursuite. Levin promène ses personnages: on va de l’intérieur d’une maison à une plage déserte et pluvieuse, ils passent de la salle de bal au sommet de l’Himalaya, ils discutent en plein vol. Ils croisent un ange de la mort, et d’autres fantômes.

Dans la mise en scène, l’espace n’est pas envisagé comme un décor: une plage, un toit et les montagnes tibétaines, rien ne sera figuré, seuls le jeu et le texte permettront au public de se laisser emporter d’un endroit à l’autre, du réel à l’irréel. L’aspect fantastique, de la pièce habite les personnalités pourtant très prosaïques des personnages. Le comique et le burlesque naissent de ce choc entre la rêverie, le tragique et les personnalités que peint Levin.

La musique, sorte de conteur est envisagée comme élément conducteur, comme fil rouge d’un espace à l’autre. Le défi majeur de la mise en scène est de tenir le rythme de cette course poursuite aussi proche de la vitesse de pensée d’Hanokh Levin. L’environnement musical est conçu pour ne pas relâcher la tension rythmique de l’action.

La scénographie

L’espace scénique explicite représente symboliquement l’étroitesse de vue des personnages: une sorte de grande boîte nue qui devient tantôt un vestibule de maison, tantôt une plage et une cabane de plage, tantôt le bord d’un toit. Parfois c’est le climat suggéré qui incommode les personnages: il pleut, il fait froid dans l’Himalaya et au cimetière.

De plus quand ils sont nombreux sur le plateau, l’exiguïté est encore plus perceptible, et encombrante. Dans cet espace réduit, bas de plafond, les personnages doivent se mouvoir, comme ils se meuvent dans leurs têtes, coincés dans la bêtise, la méchanceté et l’égoïsme. Les éclairages indiqueront la météo du dedans, du dehors, du chaud, du froid de la plus ou moins grande hostilité du climat relationnel.

Une pièce montée disproportionnée et des tombes figureront les enjeux de cette pièce. Le mariage comme une promesse de vie et les funérailles comme commémoration et passage d’un espace-temps à un autre.

Les costumes

Le délire fantastique de cette course poursuite rappelle la période de la fin des années soixante. En effet, tous les cadres ont été explosés, ce qui a laissé du point de vue de la mode la place à une créativité extravagante sans précédent, tant au niveau des formes, des couleurs que des coiffures. L’ancrage de la pièce dans ce délire de couleurs et de formes doit raconter que pour les personnages, tout est permis pour parvenir à leurs fins. Tout est permis également puisque dans cette course poursuite ce n’est pas moins que huit lieux dans lesquels les personnages vont être propulsés.